Azawakh-Oska

Azawakh-Oska

CHRONIQUES D'ELEVAGE


Souvenir de R'Éhéouel : L'hommage de Guy Mazel

 

"Napo" était le nom donné à mon premier Lévrier de l'Azawakh par les gardiens de ma maison, à Gao (Mali). Il était né dans la région de Ménaka en septembre 1967, où il avait été prélevé à ma demande par un transporteur.  A l'époque, cette zone était d'un accès difficile, dépourvue de routes.

 

R'Ehéouel est le nom touarègue (signifiant "le foncé") que je lui ai donné lors de l'inscription au LOF, après mon premier retour en France. Lors de mon départ pour le Niger en 1974, il nous a accompagnés, avec sa femelle et un fils.  Il est mort dans l'Azawakh nigérien, miné par l'ennui de mon absence durant mon congé annuel.

 

R'Ehéouel a été le premier étalon de sa race présenté en Europe. 

Son caractère bien frappé et sa belle prestance avaient impressionné les connaisseurs du Sloughi, dont l'ami Guy Mazel qui, apprenant la mort de Napo-R'Ehéouel, m'a adressé cet hommage. 

 

Oui, c'est bien lui qui a fait éclater le scandale du Sloughi "hors-norme" !

Que sa mémoire en soit louée.


21/10/2011
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AZAR, L' ORPHELINE BLEUE

C'était en janvier 2007, j'offrais à mes deux filles un voyage au nord-est du Mali, jusque dans la vallée de l'Azawakh. Une sorte de pélerinage, pour elles qui ont grandi entourées de nombreux azas-oskas.

Notre périple nous avait conduits jusque Tamalett, dans la vallée de l'Azar, là où j'avais "reçu" Tekewelt (une lice bringée fondatrice) 21 ans plus tôt...

Au retour, faisant une pause à In-Chenanane, un campement pauvre où les adultes étaient absents, nous voyons deux chiots bien alertes jouant avec des enfants. L'un des deux a captivé notre surprise, avec une robe uniformément bleue et des yeux jaunes. Les enfants nous apprennent que ces chiots sont des orphelins recueillis, étrangers au campement. Et ils nous proposent de les emporter. L'adoption fut vite conclue, moyennant une généreuse contre-partie alimentaire, pour ces nomades visiblement éprouvés par la nécessité.

Chacune de mes filles choisit son protégé : le mâle (fauve bringé, typé aza) ira à Bordeaux, et la femelle sera couvée par Alexandra, à Grézels.

 

Etonnante, cette petite "bleue" baptisée "Azar": très alerte, résistante, et intelligente, capable de bien s'intégrer à une meute où elle a su s'allier aux dominants.

Mais il était hors de question de la considérer comme un Lévrier de l'Azawakh, et de solliciter d'un juge une inscription à titre initial. Et cela pour plusieurs raisons :

- sa construction, longue, le fouet chargé et la peau épaisse n'expriment pas l'aza;

-sa robe diluée (bleue et yeux jaunes) sont des traits hors-standard;

- et son caractère est étranger au tempérament réservé, distant, que nous connaissons bien.

 

Et pourtant, voilà un sujet importé du coeur de la vallée de l'Azawakh ! D'autres que nous auraient considéré que voilà "du sang neuf et frais venant d'Afrique"...

Eh oui, même dans le sanctuaire de la race on trouve des sujets au sang mêlé. Cela, nous l'avions déjà constaté avant 70, avant les perturbations liées aux cycles de sécheresse et aux troubles politiques.

 

Rien d'étonnant, après tout : devrait on croire que de Biarritz à Perpignan on ne trouve que des chiens "pure race Montagne des Pyrénées"?

 

Et chez les éleveurs-chasseurs que sont les Dahoussaaqs et certains groupes touaregs, on sait faire de la sélection ! Pour notre bonheur...

 

La cynologie s'est constituée chez nous au 19°siècle en opérant des sélections avec méthode et selon des critères précis. Tous les types canins (qu'on appelle races, une notion discutée) ont été affinés, précisés par la volonté de l'homme, dans un processus de sélection qui obéit à des standards. C'est un des résultats de la domestication.

L'animal dénommé Oska par les nomades chasseurs de l'Azawakh est bien le fruit de leur activité sociale, ce qui permet de trouver aussi dans le même milieu et à la périphérie des types voisins et cousins de ce chien que nous avons adopté et tenons à préserver.

Les voyageurs et touristes qui ont ramené de leurs périples des chiots aux types variables ont raison de les brandir en criant que la variété "existe" dans ce pays immense.

Mais alors, si ces gens contestent les pratiques de la cynophilie, qu'ils se retirent des expositions et des livres d'origines !

 

Bref, notre charmante petite Azar a, depuis, mené une heureuse vie de chienne auprès d'une famille anglaise du Lot. Elle a été stérilisée, ce qui ne l'a pas empêchée de chasser les chevreuils prédateurs, et avec un grand succès.

 


 


 

 


 


 


 


 


 

 

 

 



28/03/2011
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HOMMAGE A KEL TARBANASSEN BIJOU

 Du désir fou de maternité chez certaines lices

 

 

 


 

Bijou et Babasch - les amoureux éternels

("tous deux 100% imports", dirait-on aujourd'hui ?)

 

 

La charte de l'élevage qui vient d'être adoptée par notre club de race émet des prescriptions qui ne sont pas toujours faciles à respecter dans un élevage familial, où les sujets des deux sexes partagent l'espace de leurs maîtres.

Voici l'histoire de Bijou, née le jour de Noël 86 de Tekewelt et de Ejeker. Son nom -Bijou- tient au fait que sa robe fauve foncé bringée présentait très peu de blanc, et notamment sur le plastron une petite tâche de la taille d'un joli bijou pectoral.

Elle vivait dans un groupe familial assez restreint : ses géniteurs,  une femelle non consanguine -Kleine Dreie-  et un jeune mâle que je venais d'importer de la vallée de l'Azawakh : C'Babasch (nom qui signifie en langue touarègue "l'ami, le compagnon préféré").

Babasch était son compagnon de jeu préféré, et il devint à notre insu son "mari". Elle accoucha à l'âge de 21 mois d'une portée de 7 chiots.

Bijou était une douce chienne, soumise au groupe et à l'autorité de la matriarche Tekewelt (sa mère), qu'elle n'a jamais contestée.  Quasi invisible elle savait durant les conflits "passer entre les gouttes". Elle savait aussi dissimuler ses chaleurs, et partir en balade dans la vigne, le soir venu, pour rencontrer Babasch dans l'intimité requise.  Nous l'avions une fois isolée sur une galerie couverte durant sa période faste  à six mètres au-dessus du niveau de la cour... eh bien elle a sauté dans le vide pour rejoindre son soupirant !

Une autre fois je l'ai conduite chez Corine Lundqvist, près de Jarnac, auprès d'un fiancé de haute volée (Greboun, crois-je me souvenir), mais en vain : aucun signe d'appétence chez les deux promis... De retour à Grézels, quelques heures plus tard, l'accouplement était consommé avec Babasch en quelques minutes, et à notre grande surprise.


Avec Bijou, il n'y avait pas à redouter une saillie intempestive avec un mâle du voisinage : elle n'avait d'yeux et de faveur que pour son Babasch.

Entre l'âge de 21 mois et ses huit années révolues, Bijou a produit 43 chiots, en 7 portées;  mais elle a aussi élevé des petits de Cenerentola, qui, elle, n'avait pas l'instinct maternel bien développé.

 

Le comportement de  cette génitrice "incontrôlable" qu'était Bijou cadre mal avec les dispositions réglementaires d'une charte d'élevage. Reconnaissons le.  Mais dans son rôle de mère Bijou était belle et souveraine.  Sa maternité était le seul moment de l'année où elle émergeait de la meute et s'imposait, radieuse. Et sa santé n'en a pas été altérée, loin s'en faut !

 

Aussi, quand je lis les insultes et les menaces d'une visiteuse qui s'indigne que nous ayions pu laisser Bijou avoir une telle progéniture, et que cette inquisitrice et donneuse de leçons me qualifie d'immoral et d'insensé, je suis tenté de laisser cette dame à son anthropocentrisme mâtiné d'un féminisme de salon.

 

Sois en paix, Bijou, tu nous a légué une belle descendance, présente dans bien des pedigrees en Europe.  Et dans nos coeurs ton souvenir est toujours vibrant.

 

 


 

 

 



27/03/2011
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