HOMMAGE A KEL TARBANASSEN BIJOU
Du désir fou de maternité chez certaines lices
Bijou et Babasch - les amoureux éternels
("tous deux 100% imports", dirait-on aujourd'hui ?)
La charte de l'élevage qui vient d'être adoptée par notre club de race émet des prescriptions qui ne sont pas toujours faciles à respecter dans un élevage familial, où les sujets des deux sexes partagent l'espace de leurs maîtres.
Voici l'histoire de Bijou, née le jour de Noël 86 de Tekewelt et de Ejeker. Son nom -Bijou- tient au fait que sa robe fauve foncé bringée présentait très peu de blanc, et notamment sur le plastron une petite tâche de la taille d'un joli bijou pectoral.
Elle vivait dans un groupe familial assez restreint : ses géniteurs, une femelle non consanguine -Kleine Dreie- et un jeune mâle que je venais d'importer de la vallée de l'Azawakh : C'Babasch (nom qui signifie en langue touarègue "l'ami, le compagnon préféré").
Babasch était son compagnon de jeu préféré, et il devint à notre insu son "mari". Elle accoucha à l'âge de 21 mois d'une portée de 7 chiots.
Bijou était une douce chienne, soumise au groupe et à l'autorité de la matriarche Tekewelt (sa mère), qu'elle n'a jamais contestée. Quasi invisible elle savait durant les conflits "passer entre les gouttes". Elle savait aussi dissimuler ses chaleurs, et partir en balade dans la vigne, le soir venu, pour rencontrer Babasch dans l'intimité requise. Nous l'avions une fois isolée sur une galerie couverte durant sa période faste à six mètres au-dessus du niveau de la cour... eh bien elle a sauté dans le vide pour rejoindre son soupirant !
Une autre fois je l'ai conduite chez Corine Lundqvist, près de Jarnac, auprès d'un fiancé de haute volée (Greboun, crois-je me souvenir), mais en vain : aucun signe d'appétence chez les deux promis... De retour à Grézels, quelques heures plus tard, l'accouplement était consommé avec Babasch en quelques minutes, et à notre grande surprise.
Avec Bijou, il n'y avait pas à redouter une saillie intempestive avec un mâle du voisinage : elle n'avait d'yeux et de faveur que pour son Babasch.
Entre l'âge de 21 mois et ses huit années révolues, Bijou a produit 43 chiots, en 7 portées; mais elle a aussi élevé des petits de Cenerentola, qui, elle, n'avait pas l'instinct maternel bien développé.
Le comportement de cette génitrice "incontrôlable" qu'était Bijou cadre mal avec les dispositions réglementaires d'une charte d'élevage. Reconnaissons le. Mais dans son rôle de mère Bijou était belle et souveraine. Sa maternité était le seul moment de l'année où elle émergeait de la meute et s'imposait, radieuse. Et sa santé n'en a pas été altérée, loin s'en faut !
Aussi, quand je lis les insultes et les menaces d'une visiteuse qui s'indigne que nous ayions pu laisser Bijou avoir une telle progéniture, et que cette inquisitrice et donneuse de leçons me qualifie d'immoral et d'insensé, je suis tenté de laisser cette dame à son anthropocentrisme mâtiné d'un féminisme de salon.
Sois en paix, Bijou, tu nous a légué une belle descendance, présente dans bien des pedigrees en Europe. Et dans nos coeurs ton souvenir est toujours vibrant.
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