Azawakh-Oska

Azawakh-Oska

LA MENACE PERSISTANTE DES IMPORTATIONS "SAUVAGES", MERCANTILES

LE LÉVRIER DE L' AZAWAKH

 

UNE RACE ANCIENNE RÉCEMMENT RECONNUE, DÉJÀ

 

MENACÉE PAR DES IMPORTATIONS « INCONTRÔLÉES »

 

 

Ce chien a été élevé par les pasteurs-chasseurs du Sahara Central depuis des millénaires.

On le trouve présent sur l'art pariétal (gravures et peintures) du Tassili des Ajjer, daté de l'époque bovidienne, soit environ 3000 ans avant notre ère. Trois types de populations occupaient alors cette zone de savane : des Noirs, ancêtres des Peuls actuels, des Blancs qu'on peut qualifier de proto-Berbères et des Abyssins.

Avec le temps et l'aridité croissante les Berbères (Touaregs et Dahoussahaqs) sont devenus les maîtres de ces zones pastorales, où ils s'adonnaient à l'élevage (bovin surtout) et à la chasse, la zone recélant une faune abondant et variée : antilopes, autruches, girafes, lions...

Dans les années 30 et 40, l'ethnologue Henri Lhote, connaisseur de cette région et de ses hommes avait déjà décrit dans « La chasse chez les Touaregs » l'usage du lévrier, qu'il désignait par le terme berbère Oska. A l'époque encore, dans cette nature préservée, la chasse avec plusieurs types de lévriers était pratiquée par les nomades vivant de la Mauritanie au Tchad.

 

Cette situation s'est alors dégradée. Dans les années 60, avant la grande sécheresse de 72-74, c'est seulement dans la Vallée de l'Azawakh (à cheval sur le nord-est du Mali et le Niger),qu'on trouvait alors de nombreuses souches de lévriers élevés et sélectionnés par les pasteurs-chasseurs. Des Français en mission dans la zone (Michel Doche, Gervais Coppé, Maryvonne et Renato Parigi, Michel Gaussen, François Roussel) furent séduits par ces chiens, et en prélevèrent pour en faire des compagnons. L'un d'eux, Michel Doche, fut chargé par l'ambassadeur de Yougoslavie au Mali d'en trouver un couple qui sera offert au Maréchal Tito. C'est l'origine de la fameuse « lignée yougoslave », élevée à Zagreb par Mme Sékalec, qui a ensuite essaimé sur l'Europe Centrale.

 

Le premier couple reproducteur a été amené en France par Gervais Coppé en 1968. Il fut inscrit au LOF au titre de la race Sloughi. Les premiers amateurs (Coppé, Parigi, Mazel) constituèrent un dossier scientifique (avec la thèse du Dr Roussel) qui permit à la FCI de reconnaître à cet archaïque stock canin le statut de race, sous le nom (inapproprié) de Lévrier de l'Azawakh.

D'autres importations furent pratiquées par ces nouveaux cynophiles (archéologue, ethnologue, naturaliste) ayant une solide pratique du terrain et une bonne connaissance des sociétés locales.

 

Mais les cycles de sécheresse et les troubles politiques provoquèrent un appauvrissement croissant, et la perturbation du pastoralisme traditionnel, avec une dégradation de l'élevage de ce chien. Au cours de leurs migrations ordinaires et de leur exode, les éleveurs du Lévrier de l'Azawakh-Oska favrisèrent la diffusion de cette race, par métissage avec les chiens croisés dans les villages de cultivateurs sédentaires.

 

Pendant ce temps-là le Lévrier de l'Azawakh connut un succès croissant auprès des cynophiles du monde entier. Il est aujourd'hui élevé par des cynophiles de toute l'Europe, de l'Amérique, et jusqu'en Nouvelle Zélande, en Australie et en Chine.

En terme commercial considérons que cette faveur grandissante provoqua un « appel d'air » Plusieurs éleveurs européens et américains, constitués même en association, organisèrent des expéditions au Sahel, avec éventuellement une couverture humanitaire, pour y trouver des chiots, et les exporter. Les mesures de prévention contre la rage étant drastiques en Europe, certains de ces chiens purent transiter par les USA et être ainsi dotés frauduleusement d'un pedigree export américain. Des manipulations analogues ont pu être montées avec d'autres pays pour importer en Europe des sujets non conformes au standard FCI, et qualifiés de porteurs de « pur sang frais neuf africain » .

 

Ces chiots sont proposés à la vente à des prix bien rémunérateurs. Et en plus ils sont présentés comme dotés d'autres mérites : élargir la diversité génétique, remédier ainsi à la consanguinité, et apporter une aide (dite humanitaire) aux villageois qui les produisent.

 

C'est là où réside la tromperie. Car ces chiens ne sont pas issus des campements des pasteurs-chasseurs de la Vallée de l'Azawakh, le sanctuaire de la race, une région aujourd'hui contrôlée par les terroristes islamistes, et donc interdite aux touristes. Ils ont été trouvés et achetés dans des villages du Burkina et du Niger (Dallol Bosso), très loin de l'aire d'origine de la race, et surtout, élevés par des paysans totalement étrangers à la vie matérielle et à la culture des nomades.

 

Le résultat, tel que le montrent les photos diffusées sur internet par ces éleveurs-importateurs, est que ces chiens métissés ne devraient pas être nommés « Lévriers de l'Azawakh », mais plutôt, ou éventuellement, « Idi », qui désigne en langue touarègue le chien générique, qu'on dit aussi «corniaud ».

 



25/11/2018
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