LE POINT DE VUE DE ANNE ET ULLI HOCHGESAND AMATEURS ET ELEVEURS DEPUIS TROIS DECENNIES
L'article se compose de trois parties:
1- Découverte et importation du lévrier de l'Azawakh en Europe
2- Les modifications du standard
3- L'importation et le croisement avec les sujets existant en Allemagne , et les conséquences
Traduction de la troisième partie.
Au début des années 90 le nombre d'éleveurs et d'amateurs a fortement augmenté.
L'association A.B.I.S. a multiplié les importations de chiens provenant du Burkina Faso sous le prétexte d'amener "du sang neuf " dans les lignées d'Azawakh vivant en Europe. Une décision qui a eu un impact non négligeable sur cette population, et même à nos yeux si important que nous voulons nous attarder sur cet impact.
Entre 1980 et 1995 , plus de 50 chiens ont été importés en Europe et aux Etats-Unis, provenant majoritairement du nord du Burkina Faso.
Des chiens de toutes sortes, ainsi des sujets ne répondant absolument pas au standard établi en 1981.
En plus de sujets portant des robes non conformes on trouvait des chiens avec un collier blanc, de petite taille style "whippet", un poil dur ou mi-long, un fouet épais, wolfskrallen aux pattes arrières, manquant de toute finesse et élégance , ce qui est pourtant un critère très spécifique de l'azawakh.
Le label "import" a été utilisé comme argument commercial à tort et à travers, dans le sens de l'authenticité, mais sans prendre en compte que derrière cette importation des poly-gènes non connus pouvaient se cacher et donner des mauvaises surprises lors des générations suivantes.
Anecdote, mais réalité, "l'import-mania" a amené certains organisateurs d'exposition à créer une nouvelle catégorie "le meilleur import", comme dans l'expo " azawakh - Jahresausstellung 2008" ...
Le Dr. Röder a écrit en 1995 à ce sujet dans le magazine suisse Windhundfreund N° 205 :
"Dans une région du Burkina Faso , il y a des sujets bien typés, correspondant parfaitement au standard émis en 1981 , de ce fait c'est incompréhensible de ne pas avoir inclus les importations de ces sujets."
Mais l'importation "sauvage " sous le seul prétexte d'apporter du "sang neuf" et des gènes met fortement en péril la race. L'impact n'as pas été bénéfique , il a plutôt nui à la race !....
Gervais Coppé a écrit dans un article du bulletin du club SLAG sur la situation du lévrier de l'Azawakh : "l'argument du recours à l'importation de géniteurs pour un motif sanitaire peut devenir un mythe, qui aveugle certaines personnes, mais qui augmente et accentue les risques pour la race en Europe. Pire qu'un mythe, cet argument peut être considéré comme une tromperie, et avec un effet de boomerang à redouter."
En 1981 le standard du Lévrier de l'Azawakh a été homologué par la FCI, sous la tutelle de la France, pays présentateur du dossier, à partir de la proposition rédigée par Coppé, Lamarche, Mazel, Parigi et Roussel. La référence étant les critères de la race exprimés et pratiqués par les nomades éleveurs et chasseurs de la région d'origine. ( Voir la thèse de doctorat de François Roussel : "Contribution à l'étude des lévriers du sud saharien" )
Gervais Coppé a écrit dans un article du SLAG : " L'Azawakh n'est pas un chien primitif, produit de mère nature, non, il est bien le résultat d'une sélection rigoureuse pratiquée par les éleveurs-chasseurs".
Le standard a bien été rédigé selon les critères d'élevage des nomades dans le pays d'origine, et non d'après les voeux des cynophiles européens...
Le but était de décrire en détail le "type idéal" à partir des chiens que l'on trouvait dans les campements des Touaregs et des Dahoussahaqs du cercle de Ménaka.
Ceci est confirmé par le Dr Werner Röder : "Le standard de la race , homologué par la FCI , reprend tous les détails, les robes, les pigmentations, que les premiers Européens ont trouvés dans le pays d'origine".
Les auteurs du standard se sont donné beaucoup de peine, l'élaboration a pris une vingtaine d'années. Durant ce processus ils ont émis une très bonne description du lévrier de l'Azawakh. En voici les étapes :
1973 : première rédaction du standard par le Club du Lévrier touareg (Oska)
1981 N°307 Standard du Sloughi-Azawakh
1982 N° 307 a Standard du Lévrier de l'Azawakh
1986 N° 307 b modification : "ligne de dessus, presque droite, horizontale et légèrement relevée"
1994 N° 307 c admission de la robe bringée
Le gène S.i.(Spotting Irish, panachure irlandaise) a une expression bien variable, et parfois surprenante.
Voici un tableau des variations admises par le standard FCI, reprenant les critères de la sélection pratiquée par les nomades Dahoussahaqs et Touaregs
En particulier le descriptif des robes et des tâches blanches a provoqué à plusieurs reprises des discussions et des questionnements.
Pour éclaircir ce sujet, Francis Meunier, le président du club français SLAG a précisé en 2004 dans son bulletin : "Le standard ne mentionne pas réellement les limites du blanc. Le but de ce nouvel article est de préciser ces limites…"
Une réunion tenue à Aubervilliers a produit un texte, qui est toujours une référence impérative pour les juges français.
Cette contrainte du standard pour les juges a été commentée dans le Dortmunder Austellung-News , édition 1/2002 par Dr. Hans Räber : "Le non respect des lois dans la société peut conduire à l’anarchie, de même le non suivi des règles dans l’élevage canin peut avoir des répercussions importantes (...) Même si les juges et les éleveurs ne sont pas d’accord ou ont une autre opinion des détails du standard , ils sont obligés de s’y tenir…. »
Parmi les descendants des imports des années 70 , il n’y avait pas de chiens particolores. Même si les parents avaient parfois des zones blanches prononcées , mais sans jamais avoir de colliers. Nous pouvons en déduire que l’élevage vigilant et conséquent des Touaregs et des Dahoussahaqs a su contenir l'effet des gènes S.i. sur l'extension du blanc.
La réalité est que cette extension du blanc a progressé chez les chiens en Europe, après avoir utilisé des chiens importés du Burkina Faso .
Une rupture pour l’élevage , pour qui les juges d’élevage responsables , ne peuvent donner une excuses valable . ce n’est que l’argumentation de la A.B.I.S. , qui prêtent « … un bon chien n’a pas de couleur… » Après ce lézard la porte était ouvert à discutions pour multiples races..
Du point de vue génétique la limitation du blanc est une bonne chose, c’est l’image de l’Azawakh. Mais l’autorisation sans limite du gène S.i. va augmenter le blanc dans les générations à venir , et il sera très difficile à contenir. Ce qui amènera à ce qu’un chien correspondant au standard sera une exception à la règle. Du point de vue de l’éleveur et de l’élevage, pour avoir une continuité dans l'application du standard il vaut mieux ne pas produire avec ces sujets.
René Morineau a écrit : "Le futur dépend de nous tous. Si nous laissons faire , l’Azawakh n’aura plus aucun intérêt , et sera perdue la fascination qui l’ entoure ! "
Le Lévrier de l'Azawakh doit rester un chien de passionnés. La France détient le standard, et notre mission, notre responsabilité, c' est de garder cette race dans son état d’origine.
Le lien vers le texte intégral: http://www.aulad-al-sahras.de/azawakh3.htm
A découvrir aussi
- LE PERIL DE LA DILUTION
- L' AZAWAKH - OSKA ET LES IRIS DE VAN GOGH
- ADMINISTRATION DE LA CYNOPHILIE : LE CHEMINEMENT DU STANDARD
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 94 autres membres