QUAND LES PARIGI VISITAIENT L'AZAWAKH, SES NOMADES ET LEURS CHIENS
Correspondance avec Maryvonne Parigi
Correspondance de Maryvonne Parigi à Gervais Coppé
Bamako, le 18 février 1973
(…) La scission d'avec le Club du Sloughi ne nous a pas étonnés.
Issue fatale, et qui nous assure finalement plus d'oxygène. La situation administrative de nos chiens doit donc être désormais être étudiée sur des bases nouvelles. Il faudra être patient, car nous avons déjà pris de multiples contacts avec le ministère malien de l'agriculture et le service de l'élevage. Les responsables paraissent intéressés, mais cela retombe comme soupe au feu. Il sera très difficile d'obtenir de leurs services le minimum de correspondance régulière et de secrétariat qu'exigeront d'une part la liaison avec la SCC de France, et d'autre part la tenue d'un livre des origines du Mali. Et par ailleurs il est délicat pour nous de proposer de tenir un tel secrétariat car cela serait mal interprété, et paraitrait empiéter sur leurs prérogatives. Il est sûr que ces histoires d'inscription de chiens tombent dans un contexte non approprié, quand on sait la difficulté qu'il y a déjà à recenser les humains. Et il faut également avoir à l'esprit le fait que, à Bamako, ce sont surtout les toubabs qui sont propriétaires de lévriers. Envoyez-nous si possible la liste des opérations successives que les responsables maliens devront accomplir pour mettre sur pied le L.O.M. Et je crois que des indications émanant de la SCC, adressées au ministère de l'agriculture, donneraient du poids à nos démarches.
En ce qui concerne nos projets de voyage à Ménaka, je croyais vous avoir déjà indiqué que cette année il était pratiquement impossible de se rendre dans cette zone. L'année a été très mauvaise, il faut remonter à 1907 pour trouver un tel déficit de pluies. Et les services de sécurité craignent semble-t-il des troubles chez les nomades. Donc : suppression des autorisations de circuler. Pour Paris Match et autres revues, vous pouvez vous engager pour le début de 1974, car à l'automne prochain nous pourrons certainement faire un voyage approfondi dans cette région. Nous prenons déjà des contacts avec des chefs songhaïs étroitement liés aux chefferies dahoussaqs, de façon à pouvoir enquêter sur les lévriers dans les meilleures conditions possibles. Peut-être, par l'intermédiaire de l'un d'eux, Renato aura-t-il tout de même la possibilité dès le mois prochain de faire un périple entre Ansongo et Ménaka. Il paraît urgent de rechercher le plus tôt possible des chiots de bonne souche issus directement des campements dahoussaqs, car il ressort de nos premières enquêtes que ces tribus sont détentrices des plus beaux types de chiens, ce que nous pensions déjà, mais nous en avons eu confirmation par un notable de la région d'Ansongo. Par ailleurs ces chiens sont tout de même en voie de disparition, toujours d'après les autochtones, une année dure comme celle-ci risquant de leur être fatale. Par pénurie de lait, de mil, de gibier. Je parle ici des beaux types, car les bâtards, eux, semblent proliférer. Il est urgent d'agir.
Renato pense ramener, s'il peut partir, le plus possible de beaux chiots. Si vous pensez qu'il puisse y avoir des personnes intéressées en France, écrivez-le vite. Cette opération risque de revenir à plus cher : la location d'une Land Rover a enchéri, et il faut compter les cadeaux aux chefs, puis le transport en avion des chiots. De toute façon Renato ne pourra pas en ramener plus de trois, et encore !! Si vous pensez que ce n'est pas intéresant, ou que ce soit prématuré, écrivez-le nous également.
Le mâle que nous avons pris en pension s'améliore à vue d'oeil. Si nous parvenons à lui redonner un développement musculaire et respiratoire normal, il sera très beau. En tous cas, s'il arrive à faire des petits à Toboro, cela risque de faire de magnifiques chiots. Nous ne garderons que les deux plus beaux sans doute (…)
Bamako, le 23 avril 1973
(…) Nous avons bien reçu la lettre de Gervais et auparavant celle de Mazel, à qui je vais répondre également. Vous donnez l'impression de déployer une activité intense. Je n'ai pas reçu photocopie de la lettre adressée par Gervais à la FCI. Mazel me prévenait que tu me l'enverrais toi-même.
Guy Mazel nous a fait parvenir l'article de Mauvy concernant la manifestation de Tours. Cet article est suivi de la reproduction de quatre photos dont celle d'Aïkar (!) dont un gros plan a été avantageusement utilisé pour illustrer la « belle robe sable » ds sloughis arabes... Si tu vois Devillard, tu lui dis de ma part que je refuse que soient utilisées des photos de nos chiens pour leur publicité. Mazel lui-même semble n'avoir pas reconnu Aïkar, car il a écrit dessous au crayon: « lévriers touaregs (?) des Allemands »... Les balzanes ne sont pas apparentes sur cette photo, car sur Aïkar elles étaient très fondues et disparaissaient souvent à la photo. Je ne pense qu'il faille se vanter trop auprès d'eux que nous puissions trouver des oskas unicolores. Ce serait avouer une nostalgie pour leur standard que personnellement je n'éprouve pas du tout. Il faut surveiller l'extension des balzanes, mais à mon avis elles sont aussi un des charmes du chien, et cela donne souvent beaucoup de grâce aux pattes. Mais vous avez raison, en montrant le cas d'Adiknaz, de bien souligner ce que son ostracisme avait de ridicule. Je suis persuadée que des oskas unicolores existent au Mali, surtout je crois en portant la robe sable. (…)
J'espère que la situation de nos chiens se règlera assez vite, et sans trop d'encombre. Mazel nous a transmis le compte-rendu de votre rencontre avec Devillard. Je pense que ce dernier tient à surveiller vos activités, et à prendre la mesure du dynamisme avec lequel nos chiens risquent de s'imposer à côté des sloughis. A mon avis, ce ne devrait pas être un problème de rivalité. Le goût des gens opérera des choix, comme il peut déjà choisir entre des races de chiens si variées. Mais il faudra se rendre à l'évidence qu'il y a aussi, dans toute la frange au sud du Sahara, des chiens splendides et très racés. En échange des « conseils » que Devillard pourraient vous prodiguer... suggérez lui de faire disparaître de toutes les publications du club du Sloughi le fameux exergue qui dit que le club tend à retrouver le sloughi dans son milieu naturel !... Personnellement je pense comme Mazel qu'il y a mieux à faire que de polémiquer avec eux. Mais je ne digère pas leur malhonnêteté, et pour moi ces gens-là ne sont pas de véritables amis des chiens, et n'ont pas l'esprit curieux. (...)
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